Article du parisien, 04.06.2009 :
Action contre « la grippe précaire »
Direct Matin, 04.06.2009 :
Libération 08/06/2009 à 06h52
Manifestation contre la «grippe précaire»
Ils sont vêtus de combinaisons blanches. Portent des masques. Crient des phrases comme «contre les licenciements, il n’y a pas de médicaments». Mardi, ils organisaient à Paris une opération de «mise en quarantaine anti-grippe précaire, la grippe P». En France, un million de personnes seront affectées en 2009. Ces chiffres (du chômage), les manifestants les jugent «préoccupants». D’autant que, pour eux, «le gouvernement est incapable de faire quoi que ce soit contre la pandémie de précarité».
Ils s’en prennent au RSA (revenu de solidarité active), qui est, dit leur tract, «un placebo qui va multiplier les miettes d’emploi avec travail obligatoire». Pour eux, le RSA est un «sous-statut» qui institutionnalise la précarité. «On demande de l’argent pour de vrais emplois», lâchent-ils. Question précarité, ils en connaissent un rayon. Ce sont les mêmes qui pique-niquaient en se servant dans les supermarchés pour dénoncer les marges de la grande distribution et la flambée des prix des paquets de nouilles.
En arrivant à la CAF (Caisse d’allocations familiales) du XIXe arrondissement, ils installent des rubans de scotch blanc un peu partout, mimant la décontamination d’une zone. Les gardiens se précipitent vers l’entrée. Ferment les portes. Interdisent l’accès. L’un d’eux lance à un manifestant : «Vous êtes dans votre droit, mais ne me touchez pas s’il vous plaît.» Dedans, c’est la pagaille. «Y’a que des connards pour faire chier les gens», crie un monsieur handicapé depuis son fauteuil. Certains sourient, applaudissent. Nabila ne comprend pas. Elle croit qu’il y a vraiment une épidémie, se protège la bouche avec son sac. On lui explique. Elle dit qu’elle n’y arrive pas avec son loyer, fait la fin des marchés pour manger, n’a pas de quoi aller voir le médecin.
Les manifestants sortent. Une employée de la CAF demande : «Qui a dit de rouvrir les portes ? Ils s’en vont, c’est sûr ?» Une manifestante, d’origine allemande, explique que chez elle, les actions sont plus «créatives», «moins violentes». «Ça m’impressionne», dit-elle. Elle a eu peur d’être enfermée. Elle a trouvé que les usagers n’ont pas toujours bien compris ce qui se passait. Elle les a vus «choqués». «Etre contre le RSA, cela sème la confusion», croit-elle savoir. Dehors, dans l’avenue, les cars de CRS sont arrivés. Les militants passent par un square pour les éviter.
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